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LES  ARCHIPELS  D’ACIER

Des îles plantées là, bien au-dessus des flots,
Aux pylônes qui rouillent, attaqués par le sel,
Embrasés de torchères crachant leur souffle chaud,
Des havres immobiles comme des tours de Babel.
            Des hommes de la mer, mais pas de vrais marins,
            A surmonter les vagues sans jamais toucher l’eau,
            Des hommes sur la mer vaquant au quotidien,
            Campés sur les poutrelles de leurs frêles îlots.

Sur les eaux peintes en bleu
Dans le Golfe Persique,
Ou sur les flots houleux
Du Golfe du Mexique.
Dans les tempêtes folles
Des champs de Mer du Nord,
Les marins du pétrole
Ne touchent pas le port.

Pas de tenues d’été et pas de paréos,
Toujours vêtus de bottes et casque de chantier.
Pas le temps de rêver à d’autres météos,
La survie, le travail, ici pas de quartier.
            Dans le bruit infernal des chaînes et des poulies,
            Des tubes et des foreuses aux mâchoires de Titan.
            On est dessus la mer, sans tangage ni roulis,
            Et l’odeur du goudron partout qui se répand.

Un travail à courir, parfois sans voir le jour,
Confinés dans des cages à l’éclairage blafard.
Sans tabac, sans alcool, sans joie et sans amour,
Ne penser qu’à son poste, la relève et le quart.
            On a chanté jadis les chants des Terres-neuvas,
            Des pêcheurs de baleines, l’Islande et les Grands Bancs.
            Les temps ont bien changé, il n’ya plus de forçats,
            Mais des hommes sur la mer perpétuent ce sale temps.

                                                                                   Jacques   BIDEAU

Rochefort-sur-mer, août 2009.

Les archipels d’acier